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Récit de voyage en Éthiopie, un itinéraire court mais un voyage profond, dans lequel je vous partage quelques points culturels de ce pays incroyable de l’Afrique de l’Est.
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Voyage en Éthiopie
Je suis resté 34 jours, en 2020, dans ce grand pays de la corne de l’Afrique, qui est la belle Éthiopie. Je n’ai presque rien visité mais j’ai vécu une expérience mémorable. L’Éthiopie reste à ce jour mon plus beau voyage, vous allez comprendre pourquoi dans ce récit!
[Édit : J’ai tellement été touché que j’y suis retourné à la première occasion, pour presque 4 mois! Il me tarde de refaire un article bien plus complet… L’Éthiopie me retourne le cerveau]
J’ai toujours eu un très bon feeling dans tous les pays que j’ai traversé, avec des expériences formidables, mais impossible pour moi de les classer. Jusqu’au jour où j’ai débarqué en Éthiopie! Même si j’ai toujours été attiré par ce pays, je ne pensais pas en tomber dingue à ce point. Ça s’est présenté comme une évidence.
C’était comme si mes racines venaient de trouver leur substrat. Je me suis senti ancré dans ces terres. Ce voyage m’est encore difficile à extérioriser car il est assez intime et personnel. Ce que j’y ai vécu est inexplicable. Vous savez, ce coup de foudre au premier regard ou encore cette sensation qui soulève le cœur lorsque l’on pense à une personne qui nous est chère : c’est ce qu’il m’est arrivé avec l’Éthiopie.
Regard sur l’Éthiopie
L’Éthiopie est un pays avec une culture unique et fascinante. Beaucoup de points la rende complètement différente des autres pays d’Afrique. Et ce, sans équivalents.
Un pays montagneux
À commencer par sa géographie : le pays est situé sur les plus hauts plateaux du continent. Ainsi, presque la totalité du territoire est en haute altitude. Pour exemple, Addis-Ababa se situe à 2 355 m. L’atmosphère de ce pays est singulière et les paysages parfois impressionnants.
Des hauts plateaux verdoyants du Nord aux déserts arides de la côte Est ou encore de la brousse aux forêts luxuriantes, l’Éthiopie est géographiquement très diversifiée.
D’ailleurs, ces hauts plateaux sur lesquels repose le pays sont des formations de lave qui datent de plusieurs dizaines de millions d’années!
Une richesse ethnique
Une diversité ethnique importante a résulté de cette multitude d’environnements totalement différents les uns des autres aux quatre coins du pays. Mais ça ne s’arrête pas là. Au sein d’une même zone, se trouve parfois une grande concentration d’ethnies différentes. Avec une culture, des codes et des coutumes qui leurs sont propres. Si bien que d’un village à l’autre, on découvre parfois un nouvel univers. Le pays abrite plus de 90 ethnies différentes.
🔎 Pourquoi visiter l’Éthiopie ?
Lorsque l’on aborde ce point au sujet de l’Éthiopie, on pense souvent à la fameuse vallée de l’Omo, habitée par un grand nombre de tribus. Elles sont certes toutes plus incroyables les unes que les autres, mais ce ne sont pas les seules. Ce qui les différencie des autres est surtout dû à leurs mœurs¹, restés en partie primitifs².
🔎 Découvrez des choses à faire en Éthiopie
La force d’un peuple
Maintenant que vous-y voyez plus clair sur les particularités de ce pays, laissez-moi vous surprendre davantage :
Sur plus de 50 pays africains, l’Éthiopie est le seul qui a résisté à la colonisation! L’Italie a occupé le territoire pendant 5 ans mais n’a pas réussi à soumettre le peuple. Quand je dis « la force d’un peuple » vous comprenez donc que ce n’est pas pour rien.
Je n’ai que très peu visité l’Afrique. Je l’ai pour ainsi dire à peine effleurée puisqu’à l’heure où j’écris ces lignes, j’y ai passé seulement 6 mois répartis sur 4 états. Mais je suis certain d’une chose : c’est un des pays restés les plus authentiques du continent, ou plutôt un de ceux qui ont reçus le moins d’influence de l’Europe.
🔎 Découvrez pourquoi dans cet article
L’Éthiopie n’a pas hérité d’une seule trace de la colonisation. Elle est restée intacte, contrairement à de nombreux pays qui ont vus certaines de leurs ethnies fortement influencées. Regardez simplement combien de pays d’Afrique parlent français. Au moins une vingtaine!
Je n’avais jamais vu auparavant une fierté nationale aussi prononcée. Les éthiopiens sont extrêmement fiers de leur patrie et l’arborent partout. Le vert, le jaune et le rouge, sont omniprésents. Les habitants portent les couleurs du drapeau depuis les chaussures jusqu’au tour de crâne en bandeau! Voyager en Éthiopie c’est littéralement être plongé au cœur d’une culture intense.
Itinéraire en Éthiopie
Addis-Ababa – Alaba Kulito – Arba Minch – Key Afer – Jinka
Qu’on se le dise, l’Éthiopie n’est pas courue par les voyageurs. En fait, beaucoup d’entre eux ne s’imaginent pas à quel point c’est une destination à très fort potentiel touristique. Les itinéraires sont souvent les mêmes pour le peu de touristes qui s’y aventurent : Le parc national du Siemen et celui du Mont Balé, Harar, les dépressions de Danakil (qui sont incluses mais moins visitées pour des raisons de sécurité).
Et pour finir, Gondar dans la région d’Amhara et Lalibela située dans la région du Tigré. Ces deux dernières sont en général les motivations principales d’un voyage en Éthiopie. Le Tigré étant la région la plus touristique.
J’ai remarqué que les tours organisés étaient très privilégiés pour ce pays. Pour une question de confort j’imagine. L’Éthiopie peut s’avérer rude à parcourir en mode routard pour certains visiteurs. Ce qui est un peu fou, c’est que ces tours arrivent à boucler l’itinéraire que je vous ai cité en une dizaine de jours!
Concernant mon itinéraire, il est vite vu : 20 jours dans une petite ville choisie aléatoirement et tout le reste partagé entre la vallée de l’Omo, la capitale et quelques arrêts (Arba Minch, Konso). Il y a tellement de choses à découvrir autour d’une même zone qu’il est difficilement concevable de rayer ne serait-ce qu’une région en 10 jours.
J’ai préféré concentrer mon voyage sur l’intégration et la compréhension de la culture complexe plutôt que de faire la course entre toutes les régions pour en voir un maximum. Mais ça, c’est un choix de voyage personnel !
Alaba Kulito
J’ai séjourné deux jours dans la capitale, chez l’habitant. Mon hôte, qui m’a offert un accueil très chaleureux travaille dans une église adventiste. Quelques membres partaient en mission à Durame et m’ont proposés de m’embarquer avec eux gratuitement. C’était dans ma direction, puisque je voulais papillonner autour de l’Omo.
On a traversé plusieurs villes jusqu’à ce que je demande à ce qu’on m’arrête dans l’une d’entre elles. C’est mon intuition qui a parlé. Cette petite ville n’a aucun intérêt touristique. Allez savoir pourquoi, il fallait que je m’y arrête!
C’est ici que le noyau dur de mon voyage en Éthiopie s’est formé. J’ai posé mon sac dans une petite chambre en pension, et c’est lui qui a le plus dormi dedans. Je me suis très rapidement fais un réseau d’amis chez lesquels j’étais toujours fourré. C’est allé très vite. J’ai fais de superbes rencontres dans les villes suivantes mais c’était ici et nulle part ailleurs qu’il fallait que je m’arrête. Comme quoi, il faut toujours suivre son intuition!
Premières impressions en Éthiopie
Mes premiers instants dans cette villes étaient un peu éprouvants. J’ai rarement autant été sollicité. Je ne faisais pas deux mètres sans être interpellé. Impossible de marcher sans avoir des dizaines de paires d’yeux posés sur moi et des appels des deux côtés de la route. Les enfants excellent à ce petit jeu. Le premier jour où je suis arrivé à Kulito, 5 enfants m’ont suivis, puis 10, puis 20!
J’étais obligé de m’incruster dans des cafés pour être tranquille. En général ils leur balance des choses qui trainent au sol pour les faire déguerpir. C’est assez drôle à voir puisqu’on dirait qu’ils détalent comme des chats après avoir été surpris là où il faut pas. C’est de la simple curiosité évidement, mais un peu oppressant pour un début!
Tout ça s’est vite dissipé au fil des jours. Je répondais à tous les appels dans la rue. Même quand c’était pour simplement pour attirer mon attention et petit à petit, les « farenje³ » se sont transformés en mon prénom et j’ai commencé à pleinement apprécier ce voyage en Éthiopie.
Sollicitations en Éthiopie
Les sollicitations étaient une appréhension que j’avais avant de partir. J’avais déjà lu bien auparavant plusieurs articles sur le voyage en Éthiopie et beaucoup de visiteurs s’en plaignaient. Au point de faire fuir certains d’entre eux ou encore de les faire survoler le pays. Ceux qui prennent le plus cher sont les cyclo-voyageurs. Les plus tranquilles sont ceux qui voyagent en voiture. Tout dépend aussi des villes et des régions. Harar est par exemple très calme et moins nerveuse (communauté musulmane).
J’ai appris quelque chose dans ce pays. Lorsque l’on n’est que de passage et qu’on ne prend pas le temps de s’arrêter, certains éthiopiens peuvent se montrer un peu dérangeants. Mais lorsque l’on s’arrête et qu’on se montre disponible, leur attitude n’est plus du tout la même. Ils vous le rendent en 1000. Si vous projetez de faire un voyage en Éthiopie, vous savez maintenant comment barouder tranquille!
Arba Minch
De force, je me suis secoué pour reprendre la route. Il me restait une dizaine de jours sur le visa et je tenais à visiter la vallée de l’Omo. Il faut dire aussi qu’à Kulito, j’étais rentré dans une certaine zone de confort. Une routine installée, un réseau d’amis, des habitudes… Mais je prend autant de plaisir à briser ce confort pour me retrouver sans repères. Ça annonce toujours l’arrivée d’une nouvelle aventure!
Arba Minch est le passage obligatoire pour les liaisons vers l’Omo. J’ai beaucoup aimé cette ville. Elle est très verdoyante et remplie d’animaux sauvages. Zèbres, crocodiles, phacochères (pumba) et babouins entre autres. Le relief est aussi plus marqué, bien que l’altitude soit moins élevée qu’à Kulito. C’est aussi une ville riche en sources.
De ce fait, on y produit beaucoup de mangues, d’avocats, de bananes et de goyaves. L’accès à l’eau est donc bien meilleur qu’à Kulito, où l’eau courante était rare. J’ai passé plus de 20 jours à me laver avec des bouteilles d’eau.
En route vers la vallée de l’Omo
J’y suis resté quelques jours puis j’ai rencontré quelqu’un avec qui j’ai fini mon voyage. Je ne voulais pas de guide pour aller dans l’Omo, mais il a proposé de m’accompagner. En contrepartie je lui ai payé les logements et la nourriture. Il est tombé à point nommé puisqu’il m’a fait gagner beaucoup de temps sur le peu qu’il me restait. Il m’a aussi fait visiter de bons endroits. Sorti d’Arba Minch, les routes commencent à être désastreuses, voir inexistantes. On ne voit même pas de routes sur la map!
Key Afer
Je suis passé par Konso pour aller à Key Afer. J’y ai croisé les deux seuls touristes de mon voyage. Ils voyageaient aussi en solitaire visiblement, mais en 4×4 et chauffeur privé. En ces temps de pandémie il n’y avait pas grand monde mais je pense qu’ils sont beaucoup plus nombreux en temps normal.
Je n’ai pas du tout été sollicité dans cette région, c’est très calme et surtout, qu’est ce que c’est dépaysant! Beaucoup de tribus vivent ici, notamment les hamers et les bannas.
Tribus hamer-banna
Ce sont des semi-nomades qui vivent du bétail et de productions agricoles en suivant le même itinéraire génération après génération. Les paysages sur cette routes sont les plus beaux que j’ai pu voir en Afrique. Ce magnifique décor de brousse sèche et verdoyante tout en relief très prononcé et marqué par les petits villages de huttes en forme de champignons est somptueux.
Je me suis rendu non loin d’ici dans un village qui réuni toutes ces tribus une fois par semaine. On est arrivé aux aurores avec mon ami. Après une heure, les tribaux sont arrivés de tous les côtés tout autour de ce minuscule hameau proche de Key Afer. Ils arrivaient en coupant à travers les champs et par les chemins avec leurs bêtes. C’était un moment absolument unique, pas une tête blanche à l’horizon. La foule était très massive, l’endroit était devenu méconnaissable. Dingue, tout bonnement.
Commercialisation des cultures
D’un point de vue culturel, c’est de loin un des endroits les plus authentiques que j’ai pu voir jusqu’ici. Rien ne laisse penser qu’on est en 2021 ! Quel spectacle incroyable. Il faut quand même souligner un point, ces ethnies subissent de fortes influences. Notamment par l’afflux du tourisme.
De plus en plus, les tribus vendent leur culture. Les touristes ont pour habitude d’arriver dans les villages très reculés avec leurs gros 4×4 pour tirer le portrait des tribaux puis repartir aussi sec. Un voyageur sur internet appelait la vallée de l’Omo « l’usine à likes », c’est un peu ça.
Avant de partir vers l’Omo j’ai regardé quelques vidéos de ces touristes qui visitaient ces petites communautés. Appareils autour du cou, mains dans le dos et observant les habitants. Sans but et sans interactions. Clairement comme dans un zoo! Trop peu pour moi, je ne veux pas y participer.
Il faut garder à l’esprit que les tribaux ne reçoivent que des miettes de ces visites et que les organisateurs, eux, s’en mettent plein les fouilles! Ces pratiques entraînent des dérives. Par exemple en vendant leurs accessoires qui à l’origine, représentent des distinctions sociales importantes au sein de leur société (comme les disques labiaux de la tribu Mursi).
Ou encore la tribu Karo, qui se maquille pour des évènements très précis, se retrouvent maintenant enduis de peinture en permanence et en dehors des traditions pour faire payer leurs photographies.
Ce ne sont que des exemples, il y en a beaucoup d’autres. Toutes ces choses dénaturent fortement ces cultures. Le développement de la société éthiopienne attire aussi de jeunes tribaux. Pour exemple, j’ai rencontré une fille mursi à Arba Minch. Scarifiée partout jusqu’au visage, mais habillée à l’occidentale. C’était assez curieux. Elle avait tout quitté pour faire des études et elle parlait très bien anglais.
Comment visiter les tribus de manière éthique ?
Se rendre sur les marchés semble être une bonne alternative. Les tribus s’y mélangent d’ordinaire avec les autres ethnies. C’est beaucoup moins intrusif que débarquer chez les tribus avec 3 gros 4×4 pour y faire du safari humain.
Jinka
Changement de décor complet. La végétation est beaucoup plus luxuriante. Le contraste des sentiers rouges avec la végétation verdoyante et les arbres gigantesques est sublime.
Jinka est intéressante et mérite qu’on s’y attarde puisqu’on y retrouve toutes les activités d’une ville en général (elle compte plus de 20 000 habitants). Sa périphérie directe est constituée de villages traditionnels planqués dans la verdure. C’est très beau et ce voyage en Éthiopie ne ce cesse de me surprendre.
Une ethnie importante y vit, les « ari ». Leur culture est vraiment intéressante mais l’influence directe de la ville a fait qu’ils ne portent plus leurs habits traditionnels depuis longtemps sauf occasion. J’ai rencontré ici Ras Don, un rastafari de mon âge qui vit parmi eux.
La ville est aussi fréquentée par les fameuses tribus « mursi ». On les distingue souvent avec leurs disques labiaux pour les femmes, leurs longs bâtons ou encore leurs nombreuses scarifications. C’est assez particulier de les voir en milieu urbain. On peut les voir en nombre les jours de marché mais aussi en temps normal.
Beaucoup viennent pour des soins dans les hôpitaux ou simplement parce qu’ils s’urbanisent peu à peu. Leurs villages se situent à plusieurs dizaines de kilomètres, dans un environnement beaucoup plus sec. Aucune route ne fait office de liaison, uniquement de vieux sentiers (d’où les touristes en 4×4).
Ce ne sont pas les seuls qui viennent en ville. On peut aussi croiser des « dassanech », des « hamers », des « bodis » (…). Durant le trajet depuis Key Afer j’étais d’ailleurs avec des bannas et des hamers, c’était assez comique. On était littéralement entassés dans un minivan à ne plus pouvoir bouger ne serait-ce qu’un orteil.
Il y avait des bêtes et pleins de sacs de fruits avec nous. J’ai passé deux heures aplati contre une vitre en plein soleil, en sueur, avec une tête de chèvre collée à la mienne pendant tout le trajet! Pas évident mais c’est tellement cool de voyager à la locale!
Rencontre avec un Mursi
J’ai fait une rencontre avec un mursi à Jinka. C’était Ambasa, je ne me rappelle plus pourquoi, mais on a échangé dans une rue. Puis on s’est recroisé une deuxième fois puis une troisième! Je l’ai invité à prendre un jus de gingembre avec nous, il était avec son frère. Impossible de se comprendre par le biais de la langue, mais un feeling est passé et on est resté toute l’après-midi ensemble.
Sur les coups de 17h, on est parti boire un alcool local (arake). L’ambiance était super festive, et par surprise, sa famille a débarqué dans le bar. J’étais entouré de mursis. Les échanges sont particuliers, on sent que l’on communique avec quelqu’un qui a des codes totalement différents des siens. Une superbe expérience en soi. Je me faisais de plus en plus pote avec ces personnes, jusqu’à ce que leur traducteur se joigne à nous.
En ville, les groupes tribaux sont souvent accompagnés d’un traducteur qui organise le voyage véhiculé et les échanges. Peu de mursis parlent amharique⁴. Le problème avec cet homme, c’est qu’il voyait en moi l’argent et il insistait pour m’embarquer et me faire payer un safari humain.
Il était un peu arrogant et a plombé l’ambiance dans le bar. Il a fait sortir la troupe pour s’en aller. C’est dommage, vu comme c’était parti, je pense que j’avais des chances de partir chez les mursis naturellement, ce qui résultait d’une rencontre saine et authentique sans relations basée sur du commerce!
Fin de voyage
La fin de mon visa était à son terme. J’ai profité de mon voyage en Éthiopie jusqu’à la dernière goutte, au point de devoir me lancer dans une course sans pareil étalée sur deux jours jusqu’à Addis-Ababa. À ce stade, c’était les nerfs qui me tenaient éveillé.
De la route qui secoue, de la chaleur, du bruit, du monde, de la fatigue, des changements de bus à répétition, des vendeurs qui montent dans le bus et qui repèrent très vite le petit blanc bec du convoi (…)
J’ai une bonne endurance à la pénibilité en général, mais il faut dire qu’après un voyage aussi mouvementé que celui-ci et ces heures de route difficiles, j’avais plus trop le mojo! Et puis, j’avais du mal à me dire que le voyage en Éthiopie touchait à sa fin. Je gardait quand même un sourire indélébile en voyant ces éthiopiens soudés et si chaleureux.
Dans les bus, la musique était à fond, les gens chantaient leurs musiques éthiopiennes, tapaient des mains, riaient, partageaient leur nourriture et dormaient les uns contre les autres. C’était beau. J’étais à peine parti que je pensais déjà à revenir.
Il y a eu une drôle de symbolique dans ce voyage. Je suis arrivé par le plus grand des hasards un 1er Janvier en Éthiopie. Ce voyage a marqué jour pour jour le début de cette nouvelle année.
Je me suis fait volé mon téléphone à l’arrachée dans un des quartiers les plus sensibles d’Addis Ababa (proche de Sangatera), quelques heures avant mon vol par un groupe qui m’a bluffé. Une technique bien élaborée, je n’y ai vu que du feu. Le temps que je m’aperçoive que mon téléphone n’était plus dans ma poche, c’était trop tard. Ils étaient déjà loin, tout s’est fait en quelques secondes.
Pour cette raison, toutes les photos qui se trouvent sur cet article sont de mauvaise qualité car elles sont récupérées depuis Facebook ou Instagram. J’avais dans ce téléphone, sans l’ombre d’un doute les plus belles photos que j’ai pu faire et des vidéos folles. Depuis le début, je gardais tout ce contenu précieusement pour envoyer la sauce sur les réseaux une fois rentré! Tant pis.
Ce vol n’est pas arrivé pour rien, ce voyage était tellement intime qu’il me faut maintenant puiser à l’intérieur de mes souvenirs et dans ce que j’ai appris de ce voyage en Éthiopie. Pas par le biais de pixels! C’est une symbolique très valable que j’y ai trouvé, et j’en tire plus de bénéfices que de regrets!
Cette expérience m’aura quand même mis sacrément dans la mouise. Ma carte bancaire se trouvait dans la coque du téléphone et Qatar Airways m’a ordonné de prouver l’achat de mon billet en leur montrant. Oups. Là, j’avais la moutarde au nez!
Deux jours sans pouvoir me laver, exténué, mon visa qui avait déjà expiré et puis à présent ce vol que je ne pouvais pas prendre. J’ai du racheter le même billet sans remboursement avec ma seconde carte bancaire et m’acquitter des amendes. Un retour qui m’aura coûté quelques 1 000$ et un téléphone!
Je pense que ce coup de la part de la compagnie était du au conflit du Tigré. Dans la capitale, j’ai croisé plusieurs fois des personnes réticentes à ma présence. Ils doivent se faire de mauvaises idées.
Un retour bien à la française
Toujours exténué, j’ai dormi directement à l’aéroport. J’ai pu reprendre un vol pour le lendemain avec ma seconde carte bancaire. Le vol a eu 3 heures et quelques de retard. Les passagers étaient composés de quelques éthiopiens vivants en France, quelques français et beaucoup de chinois. On est restés longtemps dans l’avion. Devinez qui râlaient à longueur de temps? Bravo, vous avez deviné. Les français transitaient par Addis-Abeba et arrivaient tous des plages du Zanzibar, un des rares endroits touristiques de l’Afrique encore ouverts à ce moment-là.
On n’entendait qu’eux, c’était insupportable. Certains se mettaient debout dans l’avion pour brayer et pousser les autres à mettre la pression sur l’équipage, qui avait une raison plus que valable pour ne pas décoller. Bref, une transition Éthiopie / France un peu brutale.
Pour finir, j’ai regagné la Suisse et l’Éthiopie m’a fait un sacré clin d’œil. L’endroit où j’ai savouré mes derniers jours en toute insouciance s’appelait Key Afer, traduit par « Rouges Terres ». Le hameau où l’on m’a appelé pour du travail et où j’écris actuellement ces lignes se nomme… Les Rouges Terres! Fou non?
Musique éthiopienne
Si vous venez au pays, elle vous accompagnera tout au long de votre voyage en Éthiopie! J’ai rarement vu ça. Dès que le soleil pointe le bout de son nez, les commerçants sortent les enceintes sur le trottoir et font cracher le son.
Dans une rue, plusieurs mélodies se peuvent se mêler entre elles. Et dire que par chez nous, certains voisins gueulent quand ils entendent la musique un peu trop fort. Ils deviendraient complètement cinglés en Éthiopie.
De la musique traditionnelle, des chansons populaires ou même du reggae, les éthiopiens écoutent de tout mais surtout du made in Ethiopia dans l’écrasante majorité. Leur style musical leur est propre et il est génial.
D’ordinaire, j’ai un peu de mal avec la musique populaire, peu importe où je vais. Mais j’aime beaucoup celle de l’Éthiopie. Les chansons actuelles gardent toujours leur forte identité culturelle, sont remplies d’énergies et de bonnes vibes, toujours accompagnées d’une touche moderne et souvent d’instruments traditionnels. Leur style se démarque aussi beaucoup par le chant, leurs voix font comme des oscillements, je n’avais jamais entendu ça avant.
Je vous laisse quelques titres que j’ai beaucoup entendu, avec un gros coup de cœur pour Eyob Mekonnen que j’écoute encore. Les 4e et 5e titres étaient les morceaux du moment lors de mon voyage en Éthiopie. Impossible qu’il ne se passe une journée sans les entendre au minimum deux fois quelque part! Tous styles et époques confondues :
Voyage photo en Éthiopie : 2022
Je suis retourné en Éthiopie pour plus de 3 mois en 2022. Vous pouvez retrouver l’intégralité du voyage sur Instagram dans mes story à la une, vous y trouverez beaucoup de contenu. Un trip encore plus aventureux et freestyle! Voici quelques photos :
LEXIQUE
¹ Moeurs : Comportements et pratiques sociales communs à un groupe d’individus. (↑ Retour)
² Primitifs : Restés à leurs origines. (↑ Retour)
³ Farenje : ‘Homme blanc’ en amharique. (↑ Retour)
⁴ Amharique : Langue native de l’Éthiopie. (↑ Retour)